Résultats des élections européennes et possibles conséquences en France
La France, comme les autres pays de l’UE, a vu son taux de participation atteindre un niveau record sur les 20 dernières années, avec 50,12% de votants, soit une augmentation de 8 points par rapport à la dernière élection.
Le Rassemblement National (RN) et La République en Marche (LaREM) apparaissent comme les vainqueurs de ces élections. Avec 23,31% des voix (22 eurodéputés, +1 après le Brexit), le RN améliore légèrement son score des dernières élections présidentielles et se maintient à son niveau des élections européennes de 2014. LaREM – qui participait aux élections européennes pour la première fois – a réussi à rassembler un électorat de centre-droit, pro-européen mais échoue de peu à devenir la première force politique du pays, avec 22,41% des voix et 21 eurodéputés (+2 après le Brexit).
Ces résultats viennent aussi confirmer la forte chute des partis historiques de gouvernement, LR et le PS, depuis les élections présentielles de 2017. Avec respectivement 8,48% (8 eurodéputés élus) et 6,19% des voix (5 eurodéputés, +1 après le Brexit), ils auront désormais peu d’influence sur la politique nationale et européenne.
Avec 13,47% et 12 eurodéputés élus (+1 eurodéputé après le Brexit), le parti EELV devient la troisième force, attirant un électorat de centre-gauche et le vote des jeunes.
Le parti d’extrême gauche La France Insoumise (LFI) n’a pas réussi à reproduire la dynamique créée lors des présidentielles de 2017 (+19%) et n’a rassemblé que 6,3% des électeurs, ne remportant que 6 sièges. Il s’agit d’un échec pour le parti qui se voulait leader de la gauche et principale force d’opposition.
Vue d’ensemble
Comme de tradition, ces élections ont été l’occasion pour de nombreux petits partis de présenter une liste, même si leur candidature et leur programme politique sont parfois peu crédibles. Les électeurs français ont en effet dû choisir entre pas moins de 34 listes, dont seulement 10 représentaient des partis sérieux.
La première partie de la campagne a été largement parasitée par le mouvement des Gilets Jaunes et le Grand Débat qui a suivi. Cette séquence médiatique se refermant, la campagne s’est muée en un duel entre la liste « Renaissance » du parti majoritaire LaREM, et la liste du parti d’extrême-droite Rassemblement national. Cette polarisation a forcé les autres partis à se positionner en fonction du duel Macron-Le Pen pour tenter d’exister.
Le résultat des élections reflète la dynamique observée pendant la campagne. Le Rassemblement National (RN) et La République en Marche (LaREM) sont clairement apparus comme les deux principales forces politiques.
Avec plus de 23% des voix, le RN a capitalisé sur l’électorat « anti-Macron ». Il enverra au Parlement européen l’une des principales délégations du futur groupe eurosceptique, juste derrière celle des italiens de la Lega.
Alors qu’il nourrissait l’espoir de renaître à l’occasion de ce scrutin, le parti Les Républicains obtient un résultat très décevant et n’enverra que 8 députés à Bruxelles. Ce score historiquement bas (8,48% des voix exprimées, soit plus de 12 points en-dessous de leur score aux dernières élections présidentielles et bien en-deçà des 28% des élections européennes de 2009) intervient dans un contexte de recomposition du paysage politique depuis l’élection d’Emmanuel Macron.
Les Verts présentaient leur liste comme une alternative à LaREM pour un électorat de centre-gauche sensible aux questions environnementales. Avec 13,47% des voix et 12 eurodéputés élus (+1 eurodéputé après le Brexit), leur stratégie a été couronnée de succès. Ils s’imposent ainsi comme la troisième force de cette élection, attirant le vote des jeunes et des populations urbaines.
La gauche est apparue divisée à cette élection, avec pas moins de 5 listes, en raison du délitement du Parti Socialiste et de son incapacité à construire une liste de rassemblement. Son score cumulé représente néanmoins 30% des votants.
Impact sur les institutions européennes
Le parti d’Emmanuel Macron devrait jouer un rôle important dans la recomposition du Parlement européen en s’associant aux membres du groupe ALDE qui, s’il confirmait ses 100 sièges, deviendrait la 3ème force politique au Parlement et se retrouverait en position de faiseur de roi.
Avec 21 eurodéputés (+2 après le Brexit) de sa majorité élus, Emmanuel Macron va essayer de faire échec au processus du Spitzenkandidat et d’obtenir la désignation d’une personnalité lui étant plus favorable à la tête de la Commission européenne. Les noms de Michel Barnier, Margrethe Vestager ou du Premier ministre belge, Charles Michel, circulent notamment.
Les résultats en France sont un coup dur pour les groupes PPE et S&D, respectivement de centre-droit et centre-gauche, où LR et le PS avaient l’habitude d’envoyer d’importantes délégations.
La fragmentation des résultats et la faiblesse des deux partis traditionnels aura un impact sur la formation des groupes politiques au Parlement européen. La question est désormais de savoir lequel du groupe ADLE ou de celui des Verts réussira à devenir la force centrale du Parlement et le ‘faiseur de roi’ dans les futures alliances.
En dépit de quelques difficultés à trouver des alliés pour former une alliance de partis nationalistes, le RN devrait essayer de prendre la tête d’un futur groupe eurosceptique.
Aucun changement majeur attendu dans le paysage politique français
Indépendamment du résultat de ces élections et même si la liste de la majorité présidentielle n’est arrivée qu’en deuxième position, la légitimité d’Emmanuel Macron sort renforcée. Le Président dispose toujours d’une solide majorité pour appliquer son programme politique. Les Gilets Jaunes, qui ont déstabilisé le Gouvernement, auraient pu être la surprise de cette élection. Avec moins de 2 % des voix, réparties entre deux listes, ils ont échoué à offrir une alternative politique. Cela devrait mettre un terme au mouvement.
Dans les rangs de l’opposition, le RN a confirmé son rôle de premier opposant au Président. Bien que le parti ait l’habitude des bons résultats dans certaines élections, il ne représente pas une alternative crédible car n’a aucune marge de manœuvre pour former des alliances avec d’autres forces politiques.
Un remaniement est encore possible pour ajuster l’équipe gouvernementale aux priorités de la seconde moitié du quinquennat, qui pourraient mettre l’accent sur l’augmentation du pouvoir d’achat, la performance économique et l’amélioration de la compétitivité de l’économie et une politique plus sociale en vue des élections présidentielles de 2022.
A l’issue de ces élections, l’électorat français reste dispersé, reflet du paysage politique qui a encore du mal à faire face aux bouleversements provoqués par l’élection d’Emmanuel Macron.