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2nd tour des élections législatives

2nd tour des élections législatives

20 juin 2022

La répartition des sièges au sein de l’Assemblée nationale à l’issue du scrutin qui s’est tenu hier est inédite. Le second tour a amplifié les dynamiques déjà constatées au premier tour (abstention, poussée des votes populistes de droite et de gauche, faiblesse de l’assise de la majorité sortante dans les territoires) et apparaît comme une sanction de la posture adoptée par le parti présidentiel au cours de ce scrutin où il a cherché à cliver de manière caricaturale. Les résultats ouvrent la voie à instabilité institutionnelle peut-être inédite en raison du caractère potentiellement ingouvernable de l’Assemblée nationale. Macron est désormais confronté à la situation presque inédite sous la 5eme république d’une absence de majorité, qui ne pourra trouver de solution que dans des coalitions ad hoc, le rendant ainsi dépendant voire otage de la bonne volonté des députés de la droite et du centre droit. Il aura aussi à faire face à des oppositions à gauche et à l’extrême droite déterminées à le faire échouer.

Répartition en sièges (nombre total de sièges – 577):

  • Ensemble : 245
  • NUPES : 131
  • RN : 89
  • LR : 61
  • AUTRES : 51

Rappel: règles de qualification au second tour :

Les candidats dont le score dépasse 12,5% des électeurs inscrits sont qualifiés pour le second tour. Cela peut générer des triangulaires, voire des quadrangulaires et explique que peu de partis ont été représentés lors de ce second tour, en dehors des 4 principales forces politiques.

Premières analyses

Gagnants et perdants

  • Les résultats de ce second tour ne sont pas surprenants à l’exception peut-être du nombre de sièges (43) séparant l’alliance pro-Macron de la majorité absolue. Pour la première fois depuis 1988, et dans un contexte politique totalement différent, un président juste réélu, n’obtient pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Ces résultats sont le fruit de la stratégie de campagne d’entre deux tours. Ni le Président, ni les leaders de la majorité n’ont cherché à faire vivre le débat d’idées. Ils lui ont préféré une stratégie de clivage sans nuance avec NUPES dont on observe qu’elle n’a pas été couronnée de succès. La défaite est d’autant plus sévère que des poids lourds de la majorité sortante ont été éliminés (Richard Ferrand, Président de l’Assemblée Nationale et Christophe Castaner, président du groupe majoritaire) ainsi que 3 membres du gouvernement (Brigitte Bourguignon, Amélie de Montchalin et Julie Bénin, respectivement ministres de la Santé, de la Transition écologique et secrétaire d’Etat à la Mer) qui devront ainsi laisser leur portefeuille.
  • La victoire de l’alliance de gauche et d’extrême gauche NUPES est moins écrasante qu’annoncée par les sondages mais elle confirme la dynamique du bloc de gauche amené par le leader d’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon qui était observée ces dernières semaines et qui fait de lui la principale force d’opposition. NUPES a ainsi réussi à consolider le socle acquis par son leader lors de l’élection présidentielle il y a un mois.
  • Le gagnant incontestable de cette élection est le Rassemblement National, qui entre à l’Assemblée nationale avec un nombre de députés jamais égalé.
  • Les interrogations persistent sur la stratégie du parti Les Républicains, bien que les poids lourds du parti aient déjà indiqué qu’ils veulent rester dans l’opposition. Ils pourraient en effet décider de prendre l’habit de faiseur de roi, aux côtés du parti présidentiel.

Le gagnant évident de cette élection est le Rassemblement National qui entre à l’Assemblée avec un nombre de députés jamais égalé par MPs

Enseignements et perspectives pour les mois à venir

  • La majorité relative obtenue par le parti présidentiel ne lui permettra pas, contrairement au quinquennat écoulé, de faire adopter des textes avec ses seuls membres. Elle va donc être contrainte d’aller chercher des majorités dans le cadre de coalitions avec ses alliés (à l’intérieur de l’alliance des soutiens à Macron) ou avec les partis de centre droit et de droite conservatrice, ou, plus vraisemblablement, avec des parlementaires issus de ces rangs. Or, le personnel politique français est peu familier de ces pratiques et les institutions françaises n’y sont pas non plus propices. Le fait d’avoir une coalition d’opposition aussi puissante est aussi peu fréquent. Cette combinaison va rendre la gestion des débats parlementaires très sensible pour un gouvernement et des équipes qui n’ont pas brillé dans ce domaine au cours des 5 dernières années.

La majorité relative obtenue par le parti présidentiel ne lui permettra pas, contrairement au quinquennat écoulé, de faire adopter des textes avec ses seuls membres. Elle va donc être contrainte d’aller chercher des majorités dans le cadre de coalitions avec ses alliés ou avec les partis de centre droit et de droite conservatrice, ou, plus vraisemblablement, avec des parlementaires issus de ces rangs.

  • Les conclusions à tirer de ces scores sur les attentes des électeurs et un éventuel rééquilibrage de l’électorat français (dont on disait ces dernières années qu’il penchait de plus en plus à droite) est à relativiser. Le niveau d’abstention à l’occasion des deux tours est inédit dans la vie démocratique française. La France était en effet un des pays où la participation était la plus élevée (en dehors des pays où le vote est obligatoire).
  • L’échec de plusieurs poids lourds de la majorité et de membres du gouvernement va conduire à quelques réajustements dans le dispositif politique de Macron et l’équipe gouvernementale. Il pourrait d’agir d’un remaniement beaucoup plus large si le Président souhaite tenir compte des résultats de ce second tour. La Première ministre n’apparaît pas en danger car la changer maintenant serait pour Macron reconnaître un échec, attitude dont il est assez peu familier. En revanche, les alliés de Macron pourraient chercher à avoir une place plus importante dans l’équipe gouvernementale.
  • Il est prématuré pour dire les intentions de Macron à l’issue de ces élections car ses décisions ont, jusqu’à présent, échappé à la logique politique en place depuis 50 ans. La seule certitude est que ces changements n’interviendront pas avant plusieurs jours a priori car Macron a pris l’habitude de prendre son temps quand il s’agissait de tirer les conclusions des scrutins. Il entend ainsi faire la démonstration de sa toute-puissance, se jouant des pronostics et de la pression médiatique.

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